Quelques mythes médicaux à balayer pour les fêtes
LE MONDE | • Mis à jour le | Par Paul Benkimoun
Chaque année à Noël, une revue scientifique britannique traite très sérieusement des sujets fantaisistes. Retour sur quelques-unes des croyances infondées de saison.
Les lecteurs d'Henry Miller se souviennent que le romancier américain décrivait ses nombreuses partenaires utilisant la douche vaginale au Coca-Cola comme moyen de contraception après un rapport sexuel.
Deborah Anderson, professeur de gynécologie obstétrique à la faculté de médecine d'Harvard, à Boston (Massachusetts), démontre fort sérieusement que cette méthode est dépourvue d'efficacité, dans un article publié le 18 décembre* dans l'édition de Noël du British Medical Journal.
Entre autres raisons : le Coca-Cola n'est pas un bon spermicide et pourrait, de plus, altérer la muqueuse vaginale et sa flore bactérienne. Sans compter que les spermatozoïdes ont de bonnes chances d'être plus rapides que la boisson gazeuse et d'atteindre leur objectif.
Dans le même numéro, des sujets peu sérieux sont traités le plus scientifiquement du monde : deux autres auteurs américains « à la recherche de la vérité scientifique », Rachel Vreeman et Aaron Carroll, de la faculté de médecine de l'Indiana, se sont penchés sur quelques croyances médicales de saison.
- Les friandises sont-elles source d'hyperactivité enfantine ?
Premier objet de leur curiosité : la consommation excessive de friandises peut-elle déclencher une hyperactivité de l'enfant ? Billevesées, répondent les auteurs. Au moins douze études rigoureuses ont étudié le sujet : il n'y a pas de lien entre la quantité de sucre consommée et le fait de souffrir de ce trouble.
- Les fêtes marquent-elles un pic des suicides ?
Les suicides seraient-ils plus fréquents pendant la période des fêtes ? Si le risque de se retrouver seul à Noël est bien réel, il n'existe pas de preuve scientifique de l'existence d'un pic de suicides à cette époque de l'année.
- La tête est-elle la zone clé de la chaleur corporelle ?
Aller nu-tête dans le froid provoque-t-il une grosse déperdition de chaleur ? Un manuel de l'armée américaine prétend que 40 % à 45 % de la perte de chaleur s'effectue par la tête. « Si c'était vrai, les êtres humains auraient aussi froid la tête nue que s'ils sortaient sans pantalon », écrivent les auteurs. Le chiffre cité par l'US Army provient d'une étude menée sur des sujets vêtus de combinaisons polaires mais allant nu-tête. Dans ces circonstances, la tête était forcément l'une des zones perdant le plus de chaleur.
Jeûner la nuit ferait-il maigrir ? Autrement dit, la nourriture ingérée la nuit lors d'un tardif réveillon contribuerait-elle davantage à l'obésité, comme certaines études semblent le montrer ? Les deux universitaires de l'Indiana tordent le cou à ce mythe. Ce n'est pas l'heure du repas, mais tout simplement la taille de la ration alimentaire, qui est en cause : on grossit lorsqu'on ingère plus de calories que l'on n'en brûle, et inversement.
- Et la gueule de bois dans tout ça...
Enfin, il n'est pas trop tard pour se poser la question des remèdes efficaces contre la gueule de bois. Certaines firmes proposent des produits à cet effet, tandis qu'Internet regorge de conseils divers, allant de l'aspirine aux bananes, en passant par les bêtabloquants et l'artichaut. Là encore, le verdict tombe : l'amélioration de l'état d'une personne ayant bu une quantité excessive d'alcool n'est susceptible que d'améliorations « minimes » avec ces différentes méthodes. En revanche, il est scientifiquement prouvé que le meilleur moyen pour éviter la gueule de bois est de ne pas boire trop d'alcool.
* Cet article a été écrit en 2008. Mais leurs réponses aux « croyances médicales de saison » n'ont elles pas pris une ride... et restent de saison !
Paul Benkimoun
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/vous/article/2008/12/27/quelques-mythes-medicaux-a-balayer-pour-les-fetes_1135743_3238.html#6fGZbFbYmuthG6IH.99
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